La plus vieille école de ninjutsu au Québec
Le Budo Taijutsu
L'apprentissage de notre art martial est différent de ce que l'on peut retrouver dans les autres écoles d'arts martiaux. Dans les cours de ninja donnés à Québec, on n'essaiera pas de copier et de reproduire de façon identique les mouvements du professeur. Chaque individu étant unique, chacun travaillera à développer sa personnalité martiale de manière indépendante. Beaucoup de styles d'arts martiaux sont créés par un maître dont les élèves essaient de copier, voire de photocopier les mouvements du maître. Le problème est que ce même maître a son tempérament, son ossature, sa corpulence, des émotions qui lui sont propres. On ne peut atteindre son maximum en copiant quelqu'un d'autre. On peut apprendre de cette personne des façons de bouger, de déplacer son corps, mais toujours en tenant compte de notre propre morphologie.
Le Ninjutsu ou Budo Taijutsu relevait davantage d'un besoin de survie pour les gens du village ou du clan. L'enseignement se faisait beaucoup par principes à partir desquels les gens développaient des techniques efficaces basées sur les capacités de leur corps et sur leur tempérament individuel. Par exemple, en copiant un maître de manière systématique, une femme ne peut développer son plein potentiel si le style est créé pour les besoins d'un homme. Le Budo Taijutsu tient compte de cette réalité.
Au sein de l'enseignement dispensé aux écoles Bujinkan Québec, il est important que les étudiants comprennent pourquoi les techniques fonctionnent. Les questions sont les bienvenues. On ne peut réellement atteindre son plein potentiel martial sans comprendre la mécanique du corps humain, l'aspect tactique derrière les techniques, les différents types d'énergie utilisables en situation réelle ainsi que la psychologie d'un combat. L'avancement de nos étudiants n'est pas basé sur leur capacité mnémonique, mais bien sur leur habilité à bouger, leur compréhension des techniques ainsi que leur capacité à repousser et à contrôler différentes attaques.
Voilà ce que sont les arts martiaux enseignés au sein des écoles Bujinkan Québec. Naturellement, nous y travaillons des armes comme les bâtons, le bo, le hanbo, le jo. Nous y travaillons également le maniement des sabres, du couteau, du kusari fundo et de quelques autres armes. Nous travaillons également dans la forêt lors de différents séminaires ou de camps d'été comprenant divers ateliers et jeux de nuit. Toutefois, la base essentielle pour atteindre une efficacité optimale demeure le Taijutsu.
Une façon d’apprendre différente
Il n’y a pas de conditionnement physique au début des cours. Trop d’arts martiaux passent presque la moitié du cours à faire des push-up, redressement assis et autres exercices. Dans le dojo de Bujinkan Québec, on préfère enseigner le plus de techniques martiales possible afin de créer un bagage de connaissance qui soit suffisant pour que l’étudiant puisse développer son propre style une fois qu’il sera rendu ceinture noire. Par eux-mêmes, plusieurs étudiants vont s’étirer et se réchauffer avant les cours.
Il n’y a pas de compétitions
Notre art martial est fait pour la survie. Les automatismes nécessaires pour y arriver ne seraient pas bien vus dans des sports de combat. Lorsque notre intégrité physique est en danger, tous les moyens sont bons pour se protéger. Les sports de combat ont banni ces automatismes au sein de leurs écoles et c’est une bonne chose. Les gens sont là pour le sport et non pour se mutiler.
Des concepts qui font toute la différence
Notre art nous oblige à comprendre pourquoi les techniques fonctionnent. Le vrai budo est régi par des principes qui sont parfois difficiles à comprendre. Mais une fois qu’on a commencé à réaliser toutes les possibilités que ces concepts nous offrent, on réalise alors qu’une technique peut s’accomplir de plusieurs manières différentes qui permet d’adapter davantage notre art martial à notre personnalité.
Ces concepts font en sorte que notre capacité martiale continue de croître même après cinquante ans. Dans les arts martiaux sportifs, notre potentiel et notre efficacité commencent à décroître vers l’âge de 35 ans. Avec les concepts notre compétence et notre efficacité vont s’améliorer bien au-delà de cet âge.
Hors du dojo
La plupart des pratiquants d’arts martiaux se sont toujours entraînés sur des tatamis ou un sol très uniforme. Ce n’est plus la même chose lorsque l’on doit lutter contre des racines qui tentent de nous faire trébucher, des pierres qui menacent chacun de nos déplacements ou simplement un arbre qui cache un adversaire indésirable. Notre art martial nous enseigne à faire face à des situations dans toutes sortes d’environnement. Ces entraînements extérieurs nous permettent de travailler une foule de choses que l’on ne pourrait pas faire en dojo. Le Québec est un endroit où l’on doit apprendre à se défendre même si l’on est encombré de vêtements d’hiver, sur un sol glacé ou sur une surface où les feuilles d’automne nous réservent parfois de vilaines surprises.
Le 22 octobre 2022, nous avons fait un entraînement extérieur. Une journée d’automne chaude et particulièrement agréable nous a accompagnés tout au long de cet entraînement. Nous avons pratiqué plusieurs concepts du budo, de la construction de pont de fortune pour traverser un ravin, des techniques de filets, du gogyo, des pièges sonores pour protéger un camp de fortune, du kusari fundo un peu différent de ce que l’on fait habituellement ainsi que divers autres ateliers et jeux de nuit.
La profondeur du budo
Les arts martiaux sont la base du budo. On peut faire des arts martiaux des années sans vraiment toucher au budo. Le budo est quelque chose de très profond comparativement à une technique où l’on se contente de refaire les gestes exactement de la même façon que notre professeur. Le budo c’est la compréhension des mouvements, c’est la maîtrise de la mécanique qui se cache derrière les techniques. Dans les arts martiaux modernes, la plupart des ceintures noires travaillent de la même façon et l’on peut souvent reconnaître le style d’une personne par sa façon de bouger. Dans le budo, chaque personne évoluera selon sa corpulence, son tempérament ou ses émotions du moment, selon sa force physique et les divers paramètres qui font en sorte que l’on est unique.
Prenons un exemple simple. Lorsque l’on regarde des vidéos de techniques sur le web, on peut voir des gens s’acharner sur un bras ou encore donner des coups de poing sans s’occuper du fait que l’autre bras de l’adversaire qui n’a qu’à mettre un doigt dans un oeil ou même dans une oreille pour renverser la donne. Lorsque nous avons des gens d’autres arts martiaux qui viennent essayer nos cours, ils sont surpris lorsque nous leur démontrons qu’un simple petit doigt (eh oui, l’auriculaire) mal placé peut nous faire perdre de la puissance.
Dans le budo, des principes comme yoyu amènent l’adversaire à frapper un peu plus loin que ce qu’il croyait nécessaire et par le fait même, il se retrouve dans un léger déséquilibre que l’on peut exploiter facilement. Dans le budo on utilise de vieux principes comme le kyojutsu, un art qui consiste à fausser la réalité de l’adversaire, à l’amener à nous frapper à l’endroit et au moment que l’on veut. Dans le budo, on parlera énormément de kukan, des espaces vides inutilisés qu’il y a autour des deux combattants. Le budo nous apprend à utiliser ces espaces à notre avantage.
On ne peut oublier kokyu ho, les diverses techniques de respirations qui font qu’un combat au sabre prend une tout autre direction. Des concepts comme kage nawa, un principe qui nous relie à notre adversaire et nous met en parfaite connexion avec ses mouvements et ses intentions. Que ce soit kasokudo ou des motodori, le budo nous offre des principes qui s’appliquent à tous les arts martiaux, mais que la plupart des arts martiaux n’enseignent pas.